Portugal Ces précieux travailleurs venus d’Asie
Il y aurait près de 50 000 travailleurs étrangers dans les champs portugais. C’est un sujet tabou, bien que ce soit l’une des principales difficultés de l’agriculture portugaise.
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Comme tous les pays agricoles d’Europe, le Portugal manque de main-d’œuvre. Les filières s’organisent alors pour en fournir. Les chiffres restent très aléatoires, mais on estime qu’il y aurait de 40 000 à 50 000 travailleurs étrangers dans les champs portugais, dont une grande majorité viendrait d’Asie, plus précisément d’Inde, de Thaïlande, du Népal ou encore du Pakistan. Employés dans les vignes ou pour la récolte des framboises, des brocolis ou des patates douces, la plupart sont dans le pays de façon semi-légale, en attendant de recevoir des papiers portugais.
Conditions de vie précaires
Sous couvert d’anonymat, un vendeur de matériel agricole raconte le phénomène qu’il vit au quotidien. « Les Asiatiques ont commencé à arriver il y a cinq ans par le biais de filières très organisées. Ils ont remplacé les Sud-Américains, plus gourmands en salaires. Le phénomène n’a cessé de grandir jusqu’à la pandémie. Depuis, c’est plus pervers car on cache encore plus les choses. »
Les autorités portugaises ont pris conscience du problème. Avec la Covid-19, le gouvernement a décidé de régulariser tous ceux qui pouvaient prouver trois mois de travail rémunéré et de cotisations de Sécurité sociale.
La majorité de ces travailleurs vivent dans des conditions d’extrême précarité et travaillent plus de 10 heures par jour. Ils sont exploités et placés dans différentes fermes par des agences d’intérim. Certaines sont parfois peu scrupuleuses. Officiellement, ils touchent un salaire minimum garanti par l’État d’environ 600 euros, auxquels il faut décompter le prix du logement, la plupart du temps fourni par l’employeur, le transport vers le lieu de travail, et la nourriture. À la fin, il leur reste souvent moins de 200 euros par mois.
Retenir les jeunes Portugais
« Cette situation n’a rien d’étonnant, confie Pedro Ferriera, patron d’un négoce agricole éponyme. Avec la montée en puissance des exportations agricoles du Portugal et l’appétit des entreprises locales pour une main-d’œuvre bon marché, les travailleurs asiatiques sont partout. Le nombre de migrants clandestins n’a cessé de croître. »
Victor Jorge gère, quant à lui, une exploitation près de Torres Vedras, dans le centre du pays. « Les Portugais ne veulent plus faire ce travail. Avec le boom de l’entrée dans l’Union européenne, la grande majorité des jeunes ruraux sont partis chercher fortune à la ville et prendre de mauvaises habitudes d’aides sociales, explique-t-il. Face au manque de main-d’œuvre, j’ai embauché des travailleurs étrangers venus d’Asie, notamment des Népalais, pour la récolte de mes légumes. La solution passe par la formation de nos jeunes Portugais avec l’objectif d’un retour positif à la terre, mais également par le développement de la robotisation, source d’économie de main-d’œuvre. »
Christophe Dequidt
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